Le syndrome canalaire du nerf ulnaire au coude résulte de la compression ou de la traction du nerf ulnaire au niveau du coude. Il est le deuxième syndrome canalaire en fréquence après le syndrome du canal carpien.
Les symptômes du syndrome canalaire du nerf ulnaire au coude comprennent un engourdissement et des paresthésies le long du territoire du nerf ulnaire (dans l'annulaire et l'auriculaire et le côté ulnaire de la main) et des douleurs du coude. Dans les stades avancés, une faiblesse des muscles intrinsèques de la main et des fléchisseurs de l'annulaire et de l'auriculaire peut survenir.
La faiblesse apparaît surtout dans la pince pouce-index et lors de la prise manuelle. Quand la maladie évolue, on peut voir apparaitre une amyotrophie, un déficit musculaire et une déformation en griffe ulnaire. La griffe ulnaire est une extension de l'articulation métacarpophalangienne et une flexion de l'articulation interphalangienne de l'auriculaire et de l'annulaire causée par un déséquilibre entre les muscles intrinsèques et extrinsèques.
Le diagnostic est évoqué sur la clinique. Il est utile d’effectuer des radiographies du coude afin de chercher un facteur de compression osseux. L’échographie du coude permet de préciser s’il existe une image en sablier du nerf compatible avec une compression et de voir si le nerf est instable, c’est-à-dire s’il se luxe en avant lors des mouvements de flexion-extension du coude.
Un électromyogramme est le plus souvent pratiqué. Il permet de confirmer le diagnostic et précise l’importance de l’atteinte nerveuse et le lieu de la compression ainsi que l’éventuelle d’autre zone de compression.
Le traitement médical peut être proposé comportant des infiltrations, une modification des postures et le port d’orthèse nocturne mais celui-ci est souvent peu efficace et contraignant.
Le traitement est le plus souvent chirurgical mais l’on peut proposer dans les formes débutantes évoluant depuis moins de six mois sans déficit un traitement associant le port d’attelle nocturne et la correction des attitudes en flexion du coude. Si les signes ne régressent pas, la chirurgie est la règle.
Les objectifs du traitement chirurgical sont de lever la compression du nerf et de stabiliser le nerf si celui-ci se luxe à la mobilisation du coude. La chirurgie est effectuée sous anesthésie locorégionale, en ambulatoire (hospitalisation en demi-journée). Une incision cutanée de 4 centimètres se fait en regard du bord interne du coude. Le nerf ulnaire est repéré et protégé. Le premier temps chirurgical est la libération du nerf (neurolyse) : toutes les arcades fibreuses susceptibles de comprimer le nerf sont sectionnées. Au terme de cette libération, si le nerf se luxe lors des mouvements du coude ou si le nerf était déjà instable avant la chirurgie, il sera transposé et stabilisé. La transposition consiste à positionner le nerf en avant de l’épicondyle médial, ce qui diminue son étirement lors de la flexion du coude. Le nerf est ensuite stabilisé par un lambeau fascio-graisseux ou aponoévrotique.
Dans les suites en cas de transposition, le membre est immobilisé une semaine. La mobilisation des doigts est immédiate mais le port de charges lourdes est interdit. Un arrêt de travail d’un mois est prescrit, pondéré en fonction de l’activité professionnelle.
Des soins de pansement de la cicatrice sont à prévoir pour une durée de quinze jours. Des médicaments antidouleurs par voie orale sont prescrits. Une consultation de contrôle est prévue trois semaines après l’intervention. Il est possible qu’une prescription de quelques séances de kinésithérapie soit nécessaire.
Les complications sont rares :